Les différentes montures de télescope
Les montures sont une partie intégrante d’un télescope : il ne s’agit pas ici d’un simple trépied comme on pourrait en utiliser en photographie mais d’un outil qui va vous permettre de stabiliser et surtout de manipuler votre appareil.
Ainsi, en fonction de votre monture, la manipulation sera différente.
Il existe trois types de monture :
- Les montures azimutales qui sont les plus simples à prendre en main pour de l’observation visuelle mais qui nécessitent de compenser deux axes (horizontal et vertical) pour le suivi d’un astre
- Les montures Dobson qui sont des montures azimutales avec la particularité de faire partie intégrante du télescope
- Les montures équatoriales qui ne demandent à compenser qu’un axe (l’axe de déclinaison) mais qui seront un peu plus technique à mettre en place (on appelle cela la mise en station)
Il n’existe pas nécessairement de “bon” choix, mais il existe des utilisations différentes qui pourront vous faire choisir l’une ou l’autre (et les prix diffèrent également). La monture est, dans tous les cas, une pièce majeure de votre télescope.
Une monture de télescope ce n’est pas qu’un simple trépied : c’est l’objet qui va vous permettre de manipuler votre tube optique. En effet, pour cibler un astre, vous n’allez pas toucher à votre tube optique directement mais utiliser pour cela la monture. Outre la manipulation et donc un confort d’observation qui en découle, la stabilité du télescope sera primordiale si vous observez avec de forts grossissements, encore plus si vous vous intéressez à l’astrophoto. La monture est donc une pièce maîtresse du télescope qu’il ne vous faudra surtout pas négliger.
Les monture azimutales
Vous pourrez reconnaître une monture azimutale au premier coup d’oeil : elles ont en effet la caractéristique de ne pas posséder de contrepoids, contrairement aux montures équatoriales.
Il en existe plusieurs variations et notamment les Dobson qui portent le nom de leur créateur (John Dobson, un astronome américain) que l’on décrira plus en détail ci-après.
Les spécificités des montures azimutales
La principale différence des montures azimutales par rapport aux équatoriales est le fait de devoir manipuler deux axes pour suivre la position d’un astre dans la voûte céleste : l’axe vertical (azimut) et l’axe horizontal (hauteur).
Bien que cela puisse paraître contraignant, c’est en réalité bien plus confortable pour pointer vers des astres faciles à observer car le mouvement paraît plus naturel. L’inconvénient c’est dès qu’on souhaitera cibler des astres plus compliqués à viser ou lorsqu’il faudra effectuer un suivi de ce dernier.
Ici, pas de simple manette à tourner pour suivre l’astre observé, il faut faire des mouvements d’escalier (haut puis côté au lieu d’une diagonale directe) pour suivre ce dernier, ce qui les rend relativement inconfortables aux yeux de certains passionnés, surtout lors d’observation avec de grands grossissements.
Par ailleurs, puisque les montures azimutales sont plus légères, elles permettent souvent des tubes optiques plus gros (ce qui les rend lourdes malgré tout donc). C’est pour cette raison notamment (et pour des raisons de coûts aussi, il est vrai) que de grands télescopes scientifiques utilisent également ce type de monture (comme VLT ou ELT, le télescope géant européen par exemple).
Des motorisations sont possibles sur les montures azimutales (y compris avec les systèmes automatisés GOTO) mais cela demandera souvent deux moteurs au lieu d’un seul pour les montures équatoriales. Si vous souhaitez faire de l’astrophoto, il vous faudra probablement même rajouter un 3ème moteur au niveau de l’imageur.
Sélection de montures azimutales
Il existe des centaines de montures azimutales mais vous trouverez ci-dessous une sélection de 3 montures azimutales fiables.
| Télescope | Monture Skywatcher AZ-3 | Monture Explore Scientific Twilight I AZ | Omegon Monture azimutale AZ Deluxe |
| Fabricant | Skywatcher | Explore Scientific | Omegon |
| Image |  |  |  |
| Type | Azimutale | Azimutale | Azimutale |
| Charge maximale | 5 kg | 8 kg | 10 kg |
| Poids total | 4,6 kg | 7 kg | 3,4 kg |
| Optiques recommandées | Petites | Petites et moyennes | Petites et moyennes x 2 |
| Commentaires | Cette monture est une excellente entrée de gamme et vous permettra d'être opérationnel dès son installation. Le confort sera bon et la stabilité au rendez-vous avec son trépied en aluminium. Attention, cette dernière ne conviendra qu'aux petits tubes optiques de moins de 5 kg. | Capable de supporter des optiques petites et moyennes, cette monture joliment designée sera tout aussi simple à manier que l'AZ-3. Son poids total de 7 kg fait d'elle une monture plutôt simple à transporter de quoi en faire un parfait compagnon d'observation. | Cette monture cumule tous les avantages des deux précédentes mais elle en ajoute un troisième de taille : elle permet d'y intégrer deux télescopes, ou mieux, une lunette et un télescope. Parfait pour comparer les deux images avec une configuration grand champ et une deuxième plus zoomée. |
| Prix | 151 euros | 285 euros | 579 euros |
| Liens d'achat | Chez Astroshop | Chez Astroshop | Chez Astroshop Chez Omegon |
Les montures Dobson
Les montures Dobson sont des montures azimutales avec la particularité d’être partie intégrante des télescopes. Ici, pas de tube optique posé sur une monture, mais un tout que l’on appellera donc un télescope Dobson.
Les Dobson sont très souvent recommandés pour les débutants en astronomie puisqu’ils sont relativement intuitifs à utiliser. A peine posé, le télescope pourra d’or et déjà être utilisé avec une certaine efficacité.
Le fait que la monture soit simple et intégrée dans le télescope fait que les télescopes Dobson ont souvent un excellent rapport qualité / prix. On trouve en effet de grandes ouvertures avec de grandes focales pour beaucoup moins cher que s’il fallait investir en plus dans une monture. Comme vous le verrez dans notre guide pour débutant, les Dobson sont une valeur sûre pour s’initier à l’astronomie.
Les montures équatoriales
Il n’est de secret pour personne que le Soleil se lève à l’Est et se couche à l’Ouest. C’est en réalité le cas de toutes les étoiles et cette perception est due à un mouvement de rotation, lui-même dû à la rotation de la Terre. A l’oeil nu, cette rotation n’est pas ou très peu visible mais plus le grossissement d’une lentille est élevé, plus on la verra nettement.
Cette rotation n’a que peu d’importance si l’on souhaite regarder un astre à un instant T mais il sera nécessaire de compenser ce déplacement si l’on souhaite suivre ce dernier – ou dans le cadre d’une observation prolongée de plusieurs minutes (ou plusieurs heures !). C’est là que la monture équatoriale prend tout son sens.
Les spécificités d’une monture équatoriale
Avec une monture équatoriale, vous n’aurez à compenser qu’un seul axe, que l’on nomme l’axe de déclinaison (ou DEC) pour suivre un astre dans la voûte céleste. Cet axe, gradué en degrés (de +90° à -90°) sera perpendiculaire à l’axe polaire.
L’axe polaire est l’axe qui porte l’instrument (que l’on nomme également axe horaire ou RA pour “right ascension” ou ascension droite en Français). Il est lui gradué en heures (de 0 à 24).
Afin d’être opérationnel, il est nécessaire de mettre en station le télescope. La mise en station consiste à régler l’axe polaire de la monture (= celui qui porte l’instrument donc) afin qu’il soit parallèle à l’axe de rotation de la Terre. L’objectif étant qu’après cette configuration, le suivi de l’astre observé ne nécessite le mouvement plus que d’un seul axe (l’axe de déclinaison donc).
Pour ce faire, le télescope doit pointer vers l’étoile polaire (dont le nom scientifique est Alpha Ursae Minoris). Plusieurs méthodes sont possibles, mais la plus simple reste de tourner le télescope vers l’étoile polaire en jouant avec les axes d’azimut et de latitude. Dans tous les cas, avec un peu d’entrainement, trouver l’étoile polaire sera un jeu d’enfant.
Une fois la mise en station effectuée, il ne reste plus qu’à viser l’astre souhaité en bougeant cette fois les axes polaires et de déclinaison. Vous pourrez alors suivre ce dernier en ne manipulant qu’un seul axe (donc très facilement), à l’aide de la manette intégrée.
A souligner qu’il existe parfois un viseur polaire qui aide à effectuer la mise en station de manière encore plus précise (ce qui est nécessaire dans certaines situations, comme par exemple l’astrophotographie avec de longs temps de pose).
Certaines montures sont équipées de moteurs, ce qui aura notamment pour avantage de suivre l’astre observé automatiquement, sans manipuler de manettes (quasi obligatoire pour l’astrophoto) – mais qui ne facilitera pas nécessairement les réglages initiaux.
Pour terminer sur les montures équatoriales, on peut distinguer deux typologies de montures : les montures allemandes (de très loin les plus fréquentes) et les montures à fourche.
Les montures allemandes sont en forme de T, assez compactes et parfaitement adaptées aux petits télescopes. Elles possèdent nécessairement un contrepoids qui les rend parfois compliquées à déplacer (car lourdes).
Les montures à fourche sont, elles, beaucoup plus rares. Il s’agit de montures azimutales où l’axe azimut (l’axe vertical) a été incliné pour le confondre avec l’axe polaire.
Sélection de montures équatoriales
Vous trouverez ci-dessous une sélection de 3 montures équatoriales :
| Télescope | Monture Skywatcher EQ-2 | Monture Skywatcher EQ3-2 | Monture Skywatcher EQ5 |
| Fabricant | Skywatcher | Skywatcher | Skywatcher |
| Image |  |  |  |
| Type | Equatoriale | Equatoriale | Equatoriale |
| Charge maximale | 4 kg | 5 kg | 10 kg |
| Poids total | 7 kg | 13 kg | 22,3 kg |
| Optiques recommandées | Petites | Petites | Petites, moyennes et grandes |
| Commentaires | Très légère pour une monture équatoriale, cette dernière ne conviendra qu'aux plus petits tubes optiques. Idéal pour s'initier à la mise en station et prendre le pli de chercher à pointer sur des astres différents, et ce même pour les débutants, enfants compris. | Monture solide qui vous fournira une grande stabilité. L'installation sera rapide, tout comme la prise en main. Cette monture pourra tout à fait constituer une excellente base de départ si vous souhaitez vous lancer dans l'astrophotographie ! | L'EQ5 est une valeur sûre. La robustesse et la stabilité de cette monture n'auront que très peu d'égales dans cette gamme de prix. Il peut valoir le coup de miser sur une telle monture, quand bien même elle serait surdimensionnée afin de vous garantir des conditions d'observations idéales et très pérennes. Attention toutefois à son poids, pas idéal dans l'optique de la transporter partout. |
| Prix | 175 euros | 270 euros | 407 euros |
| Liens d'achat | Chez Astroshop | Chez Astroshop | Chez Astroshop |
Le système GoTo
Certaines montures sont motorisées et équipées du système GoTo. Ce système assez coûteux (comptez entre 2000 et 8000 euros) présente de nombreux avantages :
- Il cherchera et pointera automatiquement pour vous l’astre que vous souhaitez observer, ce qui est particulièrement appréciable quand on cherche à pointer un astre compliqué à localiser.
- Le suivi des mouvements de l’astre sera lui aussi automatisé
- Vous aurez à votre disposition un petit contrôleur à partir duquel vous aurez accès à une liste de tout ce qui est observable. Cette liste est automatiquement mise à jour en fonction de votre position GPS mais aussi de l’heure et de la date d’observation.
Si vous vous intéressez à l’astrophotographie et notamment du ciel profond, ce système est probablement un must-have puisque les prises de photos avec longues expositions seront idéales : parce que votre pointage sera parfait et parce que le suivi sera très précis.
A souligner que le système GoTo ne vous évitera pas la mise en station initiale du télescope : il sera toujours nécessaire d’effectuer les premiers réglages de base (sauf pour les montures à fourche).
On peut aussi préciser qu’il existe évidemment des montures motorisées sans système GoTo bien que ce dernier soit le plus répandu.
L’alternative Push To
Le système Push To consiste à viser une étoile brillante avec le télescope puis à entrer ses coordonnées dans le système. A partir de cette dernière, on pourra alors pointer manuellement non pas en cherchant un astre dans le ciel, mais à partir des coordonnées relatives à l’étoile pointée auparavant. Il y a certes de l’électronique dans un système Push To mais le pointage se fait ici manuellement et ne vous permettra pas d’éviter un suivi manuel. On peut préciser qu’il existe de nos jours des systèmes Push To sur smartphone et donc à moindre coût.
L’astrophoto est un domaine très large. Si vous souhaitez uniquement prendre quelques photos depuis votre smartphone, vous pourrez le faire et ce peu importe la monture que vous possédez. Si vous souhaitez faire des photos du ciel profond, qui nécessitent un temps de pose long, alors une monture équatoriale sera une base quasi nécessaire. Globalement, moins les objets photographiés sont lumineux, plus il vous faudra des temps d’expositions longs et plus vous aurez besoin de stabilité : plus vous devriez tendre vers une monture équatoriale.
Comment choisir sa monture ?
Il y a deux types de critères qui vont peser dans votre choix : les critères de confort et les critères techniques.
Les critères de confort qui feront référence à la manière dont vous souhaitez mener vos observations. Vous souhaitez y consacrer quelques minutes de temps en temps ? Alors les montures faciles à manier, telles que les montures azimutales ou Dobson, seront largement plus adaptées à vos besoins. Vous pensez consacrer des soirées entières à écumer le ciel et en vous plongeant de longues minutes (ou heures !) sur une même cible ? Aucun doute que la monture équatoriale, bien que plus compliquée à prendre en main, vous procurera des expériences plus satisfaisantes.
Si vous souhaitez laisser de l’autonomie à un enfant, les montures azimutales et Dobson sont généralement recommandées.
Il y aura également des critères techniques, et notamment le fait que la monture puisse supporter le poids de votre télescope. Par exemple, la monture Skywatcher AZ-3, une monture azimutale, supporte un poids maximal de 5 kg, ce qui limite naturellement les tubes optiques qu’elle peut supporter.
Si votre tube optique pèse 4,9 kg, la monture pourra le supporter mais la stabilité risque d’être peu régulière. Une monture instable peut très directement altérer votre confort en faisant trembler l’image notamment.
On recommande souvent les montures azimutales pour débuter : ces dernières ont l’avantage d’être particulièrement simples et rapides à prendre en main. Vous posez le télescope et vous êtes opérationnel, contrairement avec une monture équatoriale où un temps de configuration (de mise en station) sera nécessaire. Si vous souhaitez observer des astres sur un court laps de temps, n’hésitez pas à vous diriger vers une monture Dobson ou azimutale. Si vous souhaitez vous plonger plus longuement dans le ciel et y passer toute votre soirée, une monture équatoriale pourra être plus adaptée.
Combien coûte une monture de télescope ?
Les montures de télescope coûtent souvent aussi cher que le tube optique lui-même, parfois même plus ! Le prix d’une monture dépendra évidemment de si elle est motorisée ou non et de sa solidité. Les montures azimutales sont par ailleurs moins onéreuses que leur pendant équatorial. De manière générale, comptez entre 150 euros jusqu’à plus de 10 000 euros pour les modèles les plus aboutis. Vous trouverez également des montures Dobson à moindre coût, aux alentours de 50 euros environ.
Les montures Dobson sont relativement simples et vous pourriez même vous en tirer avec uniquement le coût des matériaux si vous souhaitez la construire vous-même.
Tableau comparatif entre montures azimutales et montures équatoriales
| Monture équatoriale | Monture azimutale | |
|---|---|---|
| Avantages |
|
|
| Inconvénients |
|
|
| Dans les deux cas |
| |
Malgré ces différences, les avis peuvent diverger et les habitués de Dobson ne changeraient pour rien au monde, et inversement, les habitués de montures équatoriales ne s’imaginent pas utiliser un Dobson au quotidien.
Outre ces avantages et inconvénients, votre utilisation sera déterminante : votre localisation, le fait de déplacer ou non votre télescope ou encore votre ressenti seront cruciaux dans votre choix.