Avez-vous remarqué que nous avons tous perdu 1,59 milliseconde le mercredi 29 juin dernier ? Ne cherchez pas plus loin si vous manquez de sommeil ou si vous soupçonnez votre patron de vouloir raccourcir vos vacances.
En réalité, le coupable n’est autre que… notre planète Terre ! Il a en effet été prouvé que notre chère planète tourne plus vite qu’il y a 50 ans.
Pourquoi la Terre tourne-t-elle ?
Pour comprendre pourquoi la Terre tourne sur elle-même, il faut remonter 4,5 milliards d’années auparavant. L’univers, alors âgé de 13,7 milliards d’années, est constitué de milliards d’étoiles. En son sein, on trouve également des nuages de gaz froid constitués de particules et de poussières. Un de ces nuages se nomme “nébuleuse solaire” et donnera naissance au système solaire. Ce fameux nuage, pour créer le Soleil, s’est effondré et à commencer à tourner sur lui-même.
Alors que la Terre commence à se former à partir des particules du nuage qui s’agglomèrent entre elles, elle hérite de ce mouvement de rotation. C’est un principe physique logique puisqu’un corps en rotation ne s’arrête théoriquement jamais de tourner, tant qu’aucune force ne vient ralentir et arrêter son mouvement.
Ainsi, la Terre tourne depuis son premier jour et continue de tourner 4,5 milliards d’années plus tard. C’est grâce à cette rotation que nous connaissons le jour et la nuit.
Une vitesse de rotation évolutive
Cette vitesse de rotation laisse des traces et peut donc être calculée et suivie. Une des traces qui sert à constater son évolution est l’analyse des coraux fossiles. Ces derniers sont affectés par les cycles journaliers qui laissent des traces : des marques de croissances (à hauteur d’une par jour) qui varient en fonction des saisons et qu’il suffit alors de compter pour savoir de combien de jours est composé une année. De nos jours, on trouve donc logiquement 365 marques sur les coraux mais si l’on compare avec des coraux anciens, vieux de plusieurs centaines de millions d’années, on constate que ces derniers possèdent 420 marques de croissance et donc que les années étaient alors constituées de 420 jours.
On sait que la Lune exerce une attraction sur les océans de la Terre et cette accélération sur le très long terme est principalement son dû.
Toutefois, depuis que l’humanité existe, une rotation de la Terre a toujours été maintenue à 24h précise (et donc une année à 365 jours). Du moins c’est ce que l’on pensait jusqu’au développement des outils de mesure dès les années 1950 et encore plus récemment avec un système de laser envoyés sur les satellites pour mesurer leur mouvement. Une divergence graduelle entre les horloges atomiques et les mouvements de la Terre est alors constatée, à hauteur d’environ une demie seconde par an. Fut alors décidé en 1972 d’ajouter des secondes intercalaires .
Les secondes intercalaires, à l’instar des années bissextiles qui compensent le fait que la Terre fait le tour du Soleil en 365,25 jours, consiste à ajouter une seconde tous les deux ans environ aux horloges atomiques du monde entier le 31 décembre à 23h 59 minutes et 59 secondes.
Une découverte inattendue
Depuis 1972, on a donc ajouté une seconde intercalaire tous les deux ans en moyenne. Sauf que la dernière seconde intercalaire qui a été ajoutée date de… 2016 ! soit 8 ans.
Personne ne sait expliquer pourquoi mais la Terre a accéléré sa vitesse de rotation de telle façon qu’il n’est plus nécessaire de recalibrer les horloges atomiques.
Les théories affluent : certains pointent du doigt le fait qu’un objet qui accélère sa rotation le fait généralement car sa masse est déportée vers l’avant. On évoque alors des constructions humaines massives qui pourraient avoir cet effet sur la Terre. D’autres évoquent l’activité sismique qui s’accélèrent depuis quelques temps et qui pourrait avoir un lien avec ce mystère, ou encore la fonte des glaciers.
Des journées plus courtes… et des problèmes potentiels
Au-delà de l’anecdote, quel impact concret cela peut-il avoir sur notre quotidien ?
Et bien si la Terre continue d’accélérer, les secondes intercalaires n’auront définitivement plus d’utilité. Du moins avec leur utilisation actuelle. Elles pourraient changer de forme et devenir des secondes intercalaires négatives. Puisque la Terre tourne plus vite, nous allons devoir retirer une seconde pour rester en phase avec la vitesse de la Terre, là où autrefois – avec les secondes intercalaires – nous laissions le temps à la Terre de rattraper son retard sur les horloges atomiques.
Le problème c’est qu’aucun logiciel n’est conçu avec cette fonctionnalité. Evidemment il ne s’agit pas d’évoquer l’horloge présente sur votre four dans la cuisine mais plutôt le système financier qui repose sur un flux continu de données qui ne peut pas être stoppé, ne serait-ce que pour une seconde par exemple. Un autre exemple régulièrement cité est l’Internet, pour les mêmes raisons. Répéter une seconde à 23h 59 minutes et 59 secondes pourrait engendrer des bugs importants et un déphasage mondial.
Alors quelle solution ? Certains experts pointent du doigts que les secondes intercalaires – dont personne n’a réellement conscience – font plus de mal que de bien au final. Accepter la nature des choses et la nature minime de l’impact potentiel de cette accélération (on parle d’un décalage d’une minute par siècle, sans les secondes intercalaires) est en tout cas une solution de plus en plus prisée.