Les télescopes les moins chers : bonne ou mauvaise idée ?

Il est facile de trouver des appareils qui s’apparentent à des télescopes à très faible coût, dès 30 euros. Ces derniers ont le grand avantage d’afficher un prix particulièrement attractif mais avec la contrepartie de performances déclinées, voire à ce budget, d’être littéralement inutilisables.

Sans aller dans de tels extrêmes, le budget est une composante importante lorsque l’on choisit un télescope et la tentation de se diriger vers les modèles les moins chers est tout à fait légitime. Explorons ensemble les problématiques auxquelles vous pourrez vous confronter avec de tels modèles, regardons les solutions alternatives recommandées et penchons-nous sur la question de savoir si les télescopes pas chers sont un mythe ou une réalité.

Combien coûtent les télescopes les moins chers du marché ?

La première distinction qu’il faut évoquer est celle des “jouets télescopes” et des télescopes astronomiques. Cette différence majeure n’est évidemment pas précisée dans les intitulés des appareils, ce qui crée généralement beaucoup de confusion pour les non initiés.

En dessous des 75 euros, on entre automatiquement dans la case des “jouets” et les télescopes ne pourront pas vous permettre des observations satisfaisantes. Entre 75 euros et 150 euros, on trouvera les télescopes d’entrée de gamme qui seront potentiellement des outils d’initiations mais qui vous limiteront grandement dans vos observations. Ces limitations peuvent générer de la déception aux utilisateurs (et notamment les plus jeunes) puisque le pouvoir grossissant de ces appareils est très limité.

Là où l’on peut s’attendre à voir les détails de la Lune ou celles des grosses planètes, on ne profitera en réalité que d’un léger zoom, d’une image parfois floue et donc de points lumineux non détaillés dans le ciel. Cette déception pourrait être un vrai frein à une passion naissante alors qu’une solution plus haut de gamme serait au contraire une validation de la grandeur et de la beauté de l’univers.

Ainsi, quand bien même cela n’est pas toujours évident, patienter et s’orienter vers des modèles plus chers, à partir de 150 euros, est vivement recommandé puisqu’en termes de performances, la différence sera majeure.

Que peut-on voir avec les télescopes pas chers ?

Il est fréquent que les attentes qui accompagnent l’achat d’un télescope soient très élevées. Bercés par de magnifiques images, soit 3D, soit issues des diverses sondes des agences spatiales, nous nous attendons à observer Jupiter comme si elle était à côté de la Lune. Pourtant, chaque télescope n’aura pas les mêmes performances et notamment le même pouvoir grossissant, ainsi que la même résolution d’image.

Il faut donc avoir conscience qu’en se dirigeant vers des télescopes bon marché, on ne profitera pas de la même qualité d’image qu’avec un télescope plus abouti.

Regardons une simple comparaison, issue d’une simulation réalisée avec le logiciel Stellarium issue de 3 télescopes différents. Dans l’ordre, un Dobson 76/300 (environ 79 euros), un Dobson 100/400 (environ 140 euros) et un Skywatcher 114/500 (environ 235 euros) :

On se rend compte que plus on monte en gamme – et donc en prix – plus l’image est précise et plus les détails deviennent apparents. Se diriger vers des télescopes premiers prix peut ainsi s’avérer particulièrement déceptif si l’on ne sait pas à quoi s’attendre. On précisera par ailleurs que les télescopes dans la gamme de prix 150-250 euros sont aussi considérés comme entrée de gamme.

Les problèmes des télescopes d’entrée de gamme

Comme nous venons de l’évoquer, le problème principal d’un télescope pas cher est son manque de performance. Manque de performance qu’il ne faut pas négliger car il peut réellement éteindre des passions naissantes.

Mais outre ce dernier – non négligeable -, il en existe d’autres complémentaires qui méritent d’être cités :

• Même si cela entre également dans la case “mauvaise performance”, on peut souligner le fait que les télescopes d’entrée de gamme vous limitent grandement dans les possibilités offertes. Oubliez le ciel profond (sauf en montant le budget) : un télescope à faible focale ne vous permettra “que” de cibler les planètes (ce qui n’est pas forcément un problème, mais mieux vaut être prévenu).
• Ces derniers sont par ailleurs parfois constitués de matériaux peu solides ce qui rend le télescope relativement instable. L’impact reste limité sur du grand champ mais sur du gros zoom (et pour l’astrophoto mais ce n’est pas réellement une option avec ces types de télescopes), les vibrations pourraient vite devenir gênantes.
• Les télescopes sont systématiquement fournis avec des oculaires (souvent 2) : un grand champ (25 mm par exemple) et un champ plus restreint (6 mm par exemple). Ces derniers sont souvent d’entrée de gamme également et vous limitent grandement dans l’utilisation de votre appareil. Les oculaires valent pour 50% de la qualité de ce que vous pourrez observer et on a parfois le sentiment qu’en achetant un télescope, on a un appareil complet. Investir dans de meilleurs oculaires en complément est souvent une excellente idée, surtout que ces derniers peuvent tout à fait se conserver d’un télescope à l’autre.

Point positif, les télescopes d’entrée de gamme ont souvent l’avantage d’être légers et donc facilement transportables. Pratiques pour l’emmener en vacances et profiter d’un ciel plus sombre et donc d’une meilleure qualité d’observation !

Comment savoir qu’un télescope est bon ?

Le problème avec les télescopes c’est qu’il n’est pas si simple de répondre à cette question : chaque télescope a ses spécificités qui vont le rendre parfait pour certaines personnes et moins adapté pour d’autres.

En effet, que vous cherchiez à avoir un télescope polyvalent, un télescope pour vous focaliser sur les étoiles ou encore un appareil pour vous plonger dans le ciel profond, alors, vous ne chercherez pas du tout les mêmes caractéristiques.

Cela étant dit, il y a certaines règles générales que l’on peut établir et qui vous protégeront de ce que l’on peut qualifier de mauvais achats.

Le tube optique d’un télescope est constitué de deux caractéristiques principales : la focale et le diamètre. La focale va déterminer la quantité de lumière captée par le tube et le diamètre va déterminer la résolution de l’image. Les deux vont impacter les possibilités de grossissement et la qualité finale. On utilise ainsi un rapport entre ces deux métriques pour déterminer les possibilités offertes par un télescope. Très difficile de faire des règles génériques ici sans faire bondir certains puristes, mais nous nous lançons malgré tout :

• Les diamètres inférieurs à 100 mm vont par définition grandement vous limiter dans les observations possibles (et/ou dans la qualité de ces dernières)
• Les courtes focales ne captent que très peu de lumières et vous limiteront ainsi à de l’observation planétaire puisque les planètes sont les astres les plus lumineux de la voûte céleste. Aucun problème pour de l’initiation, mais potentiellement plus problématique dans le temps si vous souhaitez agrandir le champ des possibles
• Le rapport focale sur diamètre (le rapport f/d) est une indication de ce pour quoi l’appareil sera le plus efficace. Malgré le fait que chaque télescope soit tout à fait adaptable à toutes les situations, notamment en fonction des oculaires utilisés, les rapport f/d inférieurs à 6 vont capter plus de lumières pour un grossissement moyen plus moindre et sont donc plutôt destinés au ciel profond (c’est-à-dire à observer des objets peu lumineux sur du grand champ). Inversement, les télescopes avec un rapport f/d supérieur à 10 vont capter peu de lumière pour un grossissement fort et sont donc plutôt destinés au planétaire (objets très lumineux mais petits). Ainsi, sans en faire une règle bloquante, dans l’optique d’une initiation à l’astronomie, favorisez les rapports f/d entre 6 et 10 ce qui vous garantira une polyvalence et donc un grand champ des possibles, idéal pour débuter.

Autre caractéristique très importante de votre télescope : la monture. La monture de votre appareil aura un effet direct sur votre confort d’observation (et possiblement sur la qualité). Avec une monture de mauvaise qualité, vous risquez d’avoir une image instable, voire vibrante. Inversement, plus la monture sera bonne, plus elle coûtera chère et plus elle sera potentiellement lourde et compliquée à déplacer / transporter. Il faut donc trouver le juste milieu. Ici aussi, certaines règles s’appliquent quasi systématiquement :

• Evitez les matériaux non qualitatifs comme le plastique : privilégiez la solidité de l’acier lorsque cela est possible
• Une monture à moins de 150 euros n’est pas un bon signe sauf s’il s’agit d’une monture Dobson qui fait exception
• Attention au poids de votre appareil et à celui recommandé par la monture : chaque monture peut supporter un poids maximum et ce dernier ne vous offre pas toujours les meilleures possibilités. N’hésitez pas à voir plus large car même si vous respectez les poids indiqués, cela ne garantira pas une stabilité idéale.
• Les montures Dobson sont en effet spécifiques car elles sont “faciles” à fabriquer (vous pouvez même en construire une vous même) et facilement manipulables. Ces dernières ne nécessitent nullement de matériaux haut de gamme mais vous limitent généralement à de l’observation planétaire

De manière plus générale, même si le prix est généralement un bon indicateur d’un certain niveau de qualité, il ne vous garantira en rien un bon rapport qualité / prix. Il est tout à fait possible de profiter d’observations bien plus satisfaisantes avec un télescope à 200 euros plutôt qu’avec un télescope de 450 euros, en fonction des caractéristiques de ce dernier mais aussi des accessoires sur lesquels vous vous orienterez.

Quelles sont les meilleures marques de télescope ?

A l’instar d’à peu près tous les sujets qui touchent à l’astronomie, le fait que certaines marques de télescope soient meilleures que d’autres est aussi sujet à débat.

En effet, la grande majorité du matériel astronomique est fabriqué en Chine (ou à Taïwan) et différentes marques utilisent les mêmes processus de fabrication dans les mêmes usines. Toutefois, toutes n’auront pas les mêmes critères de qualité sur la fabrication ou le contrôle qualité des produits qui sortiront.

Cela étant dit et pour poser un avis sur le sujet, lorsque l’on s’attaque aux premiers prix du marché et jusqu’à un certain budget (disons 500 euros environ), la marque n’aura que peu d’impact et il faudra mieux se focaliser sur le matériel acheté et les accessoires fournis.

En achetant un télescope sur un site reconnu ou en boutique d’astronomie, les marques d’entrée de gamme que vous croiserez le plus souvent seront Skywatcher, Orion, Celestron, Takahashi, GSO ou encore Omegon (en ligne). Ces dernières possèdent toutes de très bons appareils et en se dirigeant vers chacune d’entre elles, vous ne vous tromperez pas.

Quel télescope choisir pour un débutant ?

S’il ne fallait retenir qu’une chose de cet article, ce serait de ne pas vous diriger vers les premiers prix, quitte à retarder votre initiation à l’astronomie. En économisant un peu plus de budget pour atteindre certaines fourchettes (à partir de 150 euros par exemple), vous obtiendrez des résultats BEAUCOUP plus satisfaisants qu’en réduisant ce dernier, même légèrement.

Choisir un télescope ce n’est pas une mince affaire : il n’existe pas une référence absolue universelle que l’on peut recommander (bien que certains choix polyvalents satisferont une majorité de néophytes). Nous vous recommandons ainsi de vous documenter, dans la mesure du possible, pour bien comprendre le matériel que vous allez acheter et les possibilités qu’il vous offre. A cet effet, nous avons rédigé un guide sur comment choisir un télescope lorsque l’on débute en astronomie que nous ne pouvons que vous recommander de consulter.

Dans tous les cas, vous avez de très grandes chances de faire le bon choix : l’émerveillement est garanti sur chacune de vos premières observations tant les images de l’univers sont incroyables. Émerveillement qui a de grandes chances de durer de nombreuses années, du moins c’est tout ce que l’on vous souhaite !

Vous trouverez ci-dessous une sélection de télescopes pour débuter :

	Choix 1	Choix 2	Choix 3
Télescope	Télescope Skywatcher AC 70/700 Mercury AZ-2	Télescope Celestron AC 70/900 Astromaster 70 AZ	Télescope Dobson Skywatcher N 150/1200 Skyliner Classic DOB
Fabricant	Skywatcher	Celestron	Skywatcher
Image
Type d'appareil	Lunette achromatique	Lunette achromatique	Télescope Newton
Focale	700 mm	900 mm	1200 mm
Grossissement maximum	140 fois	140 fois	300 fois
Poids du tube	4 kg	8,16 kg	25 kg
Monture	Azimutale	Azimutale	Dobson
Oculaires	25 mm et 10 mm	20 mm et 10 mm	25 mm et 10 mm
Observations possibles	Planètes	Planètes Nébuleuses et galaxies	Planètes Nébuleuses et galaxies
Cible prioritaire	Débutants	Débutants	Débutants
Commentaires	Avec une ouverture de 70 mm, on est déjà sur la gamme supérieure par rapport aux télescopes d'initiation. Cette lunette astronomique vous permettra d'observer quelques détails des planètes et constituera un excellent premier achat. Elle viendra accompagnée de tous les principaux accessoires dont vous pourriez avoir besoin : chercheur ou lentille de Barlow par exemple.	La monture azimutale est parfaite pour facilement cibler un astre à observer. Attention toutefois, les astres se déplacent vite, et suivre le mouvement de ces derniers avec cette monture sera parfois compliqué. Sa focale de 900 mm vous permettra d'observer les planètes avec un bon niveau de détails, faisant de ce télescope un appareil parfaitement adapté aux débutants.	Le Dobson 150/1200 sera particulièrement facile à utiliser sans limiter sa puissance. Le niveau de détail sera particulièrement important (tout comme son poids !) et permettra de très belles observations à la fois planétaires mais aussi du ciel profond. Attention, il vous sera compliqué de le déplacer : à privilégier pour des observations statiques, par exemple dans votre jardin en campagne !
Prix recommandé	159 euros	229 euros	409 euros
Liens d'achat	Chez Astroshop	Chez Astroshop	Chez Astroshop