Débuter en astrophotographie

L’astrophotographie est un domaine large qui pourra intéresser de passionnés expérimentés, tout comme des néophytes souhaitant s’initier.

Et quand on pense astrophotographie, on a tendance à tout de suite penser à de magnifiques photos de nébuleuses lointaines, très nettes et très colorées. Pourtant, d’une part l’astrophotographie regroupe bien plus d’éléments que les photos de ciel profond et de l’autre, ces photos demandent un matériel avancé et de grandes connaissances, que ce soit en termes d’astronomie ou de photographies par exemple.

Ainsi, même si l’astrophotographie est totalement accessible et que débuter vous procurera à coup sûr beaucoup de plaisir et de satisfaction, il faut prendre cette nouvelle discipline étape par étape avant de s’attaquer aux éléments les plus compliqués.

Avant de se projeter sur différentes configurations, regardons ensemble les possibilités qui s’ouvrent à vous. En fonction, vous pourrez faire votre choix et ce dernier pourra être crucial puisque chaque typologie de photo demande parfois un matériel spécifiquement adapté – et donc un investissement spécifique.

On dénote plusieurs disciplines d’astrophotographies principales, avec chacune ses spécificités :

  • L’astrophotographie sans suivi
  • L’astrophotographie avec objectifs photo
  • L’astrophotographie au télescope

Regardons ensemble les spécificités de chacune d’entre elles.

Les challenges de l’astrophotographie

Comme nous l’avons vu, il existe différentes manières de faire de l’astrophotographie et cette dernière ne nécessitera pas systématiquement un télescope.

Si votre souhait est de vous attaquer à des objets lumineux tels que la Lune, le Soleil ou encore les planètes, alors les challenges (et/ou le matériel) seront plus limités qu’en pointant votre objectif vers le ciel profond.

Les challenges que vous rencontrerez si vous souhaitez photographier les étoiles ou la Lune par exemple seront principalement de trouver les bons réglages, de profiter des bons temps d’expositions et d’avoir des ciels sombres.

Il y aura aussi un coup à prendre : par exemple si vous photographiez des constellations, vous pourrez le faire sans télescope et sans monture motorisée, mais cela demandera de réaliser plusieurs photos avec des temps d’expositions similaires, puis de compiler (de superposer) les photos entre elles avec des logiciels spécialisés.

Si vous vous attaquez au ciel profond et donc à des objets peu lumineux, les défis seront alors doubles :

  • Gérer la faible luminosité des objets photographiés, ce qui implique de longs temps d’exposition potentiels
  • Et par la même occasion un suivi nécessaire des objets observés. Pour cela, il faudra vous équiper d’un télescope, d’une monture équatoriale et potentiellement (voire obligatoirement) motorisée.

Débuter en douceur

On peut souligner deux choses sur l’astrophotographie poussée :

  1. Elle coûte (très) cher en matériel
  2. Elle est techniquement complexe

Si l’on imagine que vous avez un budget illimité et que vous investissez dans tout le matériel nécessaire, et à la pointe de l’astrophotographie, il ne vous suffira malgré tout pas d’appuyer sur un seul bouton pour que tout se fasse.

Il va vous falloir comprendre les techniques de base de l’astronomie et de l’observation avec télescope, comme par exemple la gestion du matériel, le montage de votre télescope ou encore la mise en station de ce dernier. Outre ces défis “astronomiques”, l’aspect photographique est sans surprise centrale dans l’astro…photographie. Les réglages de votre appareil, la superposition des images ou encore le traitement des photos sont des éléments indispensables pour réaliser de beaux clichés.

Tout cela n’est pas inaccessible pour autant et avec beaucoup de volonté, nul doute que vous vous en sortirez mais le risque de progression lente, de frustration et donc de lassitude est réel.

Mieux vaut débuter en douceur, sans griller d’étape, et commencer simplement avec un trépied, votre appareil photo (peu importe qu’il soit réflex ou compact, voire même votre smartphone !) et le pointer vers le ciel pour réaliser vos premières astrophotos sans suivi.

On peut aussi souligner le fait que l’astrophoto c’est énormément de test & learn, autrement dit, vous allez rater de nombreuses photos et c’est normal. Jusqu’au jour où une photo sera belle, plus la suivante encore plus, et ainsi de suite. Votre motivation sera votre première alliée !

Débuter l’astrophotographie avec son smartphone

On possède tous un smartphone de nos jours et une des caractéristiques de ces derniers est l’appareil photo particulièrement puissant qu’ils possèdent. Ainsi, ces derniers sont tout à fait à même de faire de très belles astrophotos. Parfait pour mettre le pied à l’étrier !

Comme nous l’avons vu, l’astrophoto implique toutefois de réaliser des temps d’expositions. Or les applications photo installées initialement sur les téléphones ne permettent pas de préciser des temps d’expositions. Il vous sera ainsi nécessaire de télécharger des applications spécifiques (il en existe de nombreuses : ProCamera, Nightcap ou encore Open Camera pour n’en citer que quelques-unes…), afin de débloquer des fonctionnalités supplémentaires.

Avec un trépied afin de réaliser les temps de pose nécessaire, vous aurez alors tout le nécessaire pour réaliser vos premiers beaux clichés d’astrophoto.

Évidemment, vos possibilités seront limitées mais vous pourrez déjà vous lancer dans l’astrophotographie sans suivi avec beaucoup de succès.

L’astrophotographie sans suivi

Quoi de plus simple pour débuter en astrophoto que de prendre son appareil photo et de le pointer vers le ciel ?

Cette technique, à la portée de tous, nécessitera toutefois un trépied car pour atteindre une certaine qualité d’image – et ce sera le cas peu importe la technique d’astrophotographie employée – il sera nécessaire d’avoir des temps de pose relativement longs et donc de ne pas bouger l’appareil durant ces temps d’exposition (sans quoi vous aurez des filés d’étoiles).

Avec un appareil photo réflex

L’avantage de l’astrophotographie sans télescope, c’est que même avec des appareils peu récents, on peut réaliser de belles photos.

Quelques réglages seront nécessaires comme le fait de désactiver l’autofocus de votre appareil et faire une mise au point à l’infini.

Une mise au point à l’infini consiste à cibler un point sur un plan très éloigné (ici le ciel donc). Rien de plus simple, une fois la configuration effectuée, il faut aligner le symbole infini (∞) avec le repère de distance de l’objectif utilisé.

Si vous le pouvez, investir dans un déclencheur filaire pour votre appareil photo est vivement recommandé : cela vous évitera de toucher à ce dernier, garantissant une immobilité absolue de votre appareil et donc un meilleur rendu final.

Avec un appareil photo numérique

Les temps d’exposition sont plus restreints qu’avec un appareil reflex lorsque vous utilisez un appareil photo numérique. On se limite en règle générale à 5 minutes maximum (et encore, c’est une limite large, c’est souvent moins en réalité) : au-delà, le bruit sera trop important et vous verrez apparaître des points qui ne devraient pas avoir leur place sur la photo.

Ainsi, pour combler ce manque de temps de pose, on utilise de la superposition.

La superposition consiste à prendre une multitude de photos puis de les superposer par la suite, à l’aide d’un logiciel sur votre ordinateur (comme Siril par exemple). Tout ce processus complexifie votre expérience : tendez ainsi à préférer des appareils réflex pour l’astrophotographie sans télescope.

Au niveau des réglages à effectuer, ils sont différents de ceux utilisés pour des photos de jour. On cherchera par exemple à travailler sur la compression d’image la plus faible, ce qui permettra un traitement ultérieur plus complet (traitement obligatoire, pour la superposition, mais pas que !). Au niveau des couleurs, on placera la balance des blancs sur la lumière du jour ou, si votre appareil vous permet une valeur personnalisée, autour des 4000 K afin de contrer la pollution lumineuse.

Enfin, il sera nécessaire de réaliser des dark frames (ou images d’obscurité) avec un temps d’exposition similaire à celui utilisé pour les photos dans l’optique de supprimer le bruit sur ces dernières (cela diminue notamment l’impact des pixels chauds). A souligner que ce traitement avec les dark frames peut être réalisé en interne par certains appareils ou, le cas échéant, être fait sur ordinateur dans un second temps.

Quel appareil photo choisir pour l’astrophotographie sans suivi ?

Comme nous l’avons vu, les deux possibilités sont valides dans tous les cas.

Outre les critères de l’astrophotographie, on peut citer 2 éléments supplémentaires :

  1. Le premier étant le prix : les appareils compacts sont souvent bien moins chers que les appareils photo reflex.
  2. Le deuxième étant l’utilisation hors astrophotographie : si vous vous intéressez à la photographie de manière plus générale, un appareil réflex vous ouvrira plus de possibilités, outre l’astrophoto

Par ailleurs, si demain vous souhaitez vous diversifier davantage, par exemple en utilisant un télescope, alors là aussi les deux appareils photos seront exploitables. Toutefois, les appareils photo compacts auront des possibilités plus limitées. Outre le fait qu’un adaptateur sera peut-être nécessaire pour le connecter au télescope, il vous permettra de photographier principalement la Lune, le Soleil et les planètes (voire certaines constellations) dans certaines conditions. A l’inverse, un appareil photo réflex ne vous limitera pas.

Les photos possibles en astrophotographie sans suivi

Les photos les plus appréciées sont les photos circumpolaires, notamment en ciblant l’étoile polaire (trouver l’étoile polaire, c’est un jeu d’enfant !) : cette dernière étant immobile, des cercles seront marqués autour d’elle (qui représentent le mouvement des étoiles) avec de longs temps d’exposition.

Image circumpolaire centrée sur l'étoile polaire
Exemple d’image circumpolaire centrée sur l’étoile polaire

On appelle également ces dernières des photos de filés d’étoiles. Plus le ciel sera sombre (donc sans nuages) plus le rendu sera bon.

Outre les photos circumpolaires, il existe d’autres possibilités :

  • Les conjonctions entre corps célestes (Vénus et croissant de Lune par exemple ou encore conjonctions de planètes telles que Mars et Saturne) ;
  • Les mélanges “Terre / Espace”, par exemple en faisant apparaître une maison, ou un arbre en plus du ciel ;
  • Les photos d’ambiance après le coucher du soleil, qui peuvent créer des dégradés de couleurs majestueux ;
  • Les photos de constellation isolées, comme la Grande Ours par exemple, avec des temps de pose courts (plusieurs secondes) mais cela demande de nombreux essais pour trouver la configuration qui vous satisfait le mieux.

Astrophotographie au télescope

Quels appareils photo utiliser avec un télescope ?

L’avantage de l’astrophoto, c’est qu’il est possible d’en réaliser avec à peu près tous les types d’appareils photos, y compris votre smartphone. Autant dire que vous êtes déjà probablement équipés pour mettre le pied à l’étrier.

Toutefois, il faut avoir conscience des avantages et des limites de chaque appareillage et de chaque configuration. Comparons ensemble les quatre choix principaux qui s’offrent à vous : les smartphones, les appareils compacts, les appareils reflex et les appareils dit hybrides.

Disclaimer : le tableau ci-dessous se base sur des utilisations habituelles. Il est évidemment possible de pousser très loin l’utilisation d’un smartphone ou inversement d’utiliser un appareil reflex pour de l’astrophoto simple. Il n’en demeure pas moins qu’un appareil réflex vous ouvrira plus de possibilités qu’un smartphone par exemple.

SmartphonesAppareils photo compactsAppareils photo reflex
Temps d’expositionde 30 à 420 secondes dans de rares casaucun si compact d’entrée de gamme ou manuel sur les modèles plus hauts de gammemanuel
Qualité de la photoTrès bonne, notamment avec un mode pro sur les derniers smartphonesAujourd’hui, la plupart des derniers “photophones” sont plus performants que les appareils photo compacts (hors rares cas)Potentiellement bien plus importante mais au prix d’une technicité plus grande
ComplexitéSi votre but n’est que de réaliser des photos pré-réglées, sans configuration complexe, alors les smartphones seront tout à fait adaptés à vos besoins.Les appareils compacts, pour la plupart, sont similaires aux smartphones en termes de simplicité. La différence avec ces derniers étant qu’ils sont bloqués dans leur configuration contrairement aux smartphones qui possèdent des applications pouvant débloquer des paramètres.L’intérêt des réflexes réside dans le champ des possibles au niveau des réglages : profondeur de champ, vitesse d’obturation ou autre defocus, la complexité sera potentiellement importante.
Résolution maximale4032×3024 sur les derniers smartphone5657×4243 sur les meilleurs modèles5657×4243 sur les meilleurs modèles
Astrophotos possiblesPlanétaires principalementPlanétaires principalementPlanétaires et ciel profond
PrixCher au final si vous n’en possédez pas déjà unDe très accessibles (principalement) à très cher pour les plus hauts de gammeDe 150 euros à plusieurs milliers d’euros, sans objectif

Ci-dessous une sélection de 3 appareils photos adaptés à l’astrophoto, pour 3 budgets différents :

Choix 1Choix 2Choix 3
Appareil photoCaméra Canon EOS 4000Da Full RangeCaméra Canon EOS 80Da Super UV/IR-CutCaméra Canon EOS 6Da MK II Super UV/IR-Cut
FabricantCanonCanonCanon
ImageCanon EOS 4000DaCanon EOS 80DaCanon EOS 6Da
Type d'appareilAppareil photo réflex, capteur CMOSAppareil photo réflex, capteur CMOSAppareil photo réflex, capteur CMOS
Temps d'expositionde 1/4000 à 30 minutesde 1/8000 à 30 minutesde 1/4000 à 30 minutes
Images par secondeJusqu'à 3 images par secondesJusqu'à 7 images par secondesJusqu'à 6,5 images par secondes
RésolutionsRésolution photo de 5184 x 3456
Résolution vidéo de 1920 x 1080
Résolution photo de 6000 x 4000
Résolution vidéo de 1920 x 1080
Résolution photo de 6240 x 4160
Résolution vidéo de 1920 x 1080
Plage ISOde 100 à 6 400de 100 à 16 000de 100 à 40 000
CaméraCaméra couleurCaméra couleurCaméra couleur
Poids total0,436 kg0,730 kg0,765 kg
Formats d'imageJPEG ou RAWJPEG ou RAWJPEG ou RAW
CommentairesLe "a" de 4000Da signifie astromodifié. Autrement dit, cet appareil photo réflex a été directement réglé pour l'astrophotographie. Pratique quand on sait que sans cela, il sera nécessaire de faire reconfigurer la balance des couleurs de votre appareil par un professionnel. Ici, on branche l'appareil au télescope, et il est directement prêt à l'emploi. En ce qui concerne les objets à photographier, tout vous sera ouvert : les planètes mais aussi le ciel profond et particulièrement les nébuleuses grâce à sa très bonne sensibilité au niveau des H alphas.On arrive ici sur un modèle très performant et très polyvalent : que ce soit au niveau de ses réglages ou au niveaux des possibilités astrophoto qui s'ouvrent à vous avec ce dernier. Tout ce que l'EOS 4000Da fait, l'EOS 80Da le fait également, mais en mieux : meilleures FPS, meilleure résolution et plage ISO plus large. La présence du filtre UV/IR-Cut rende la captation de lumière optimale.Sur les mêmes bases que l'EOS 4000Da, avec la EOS 6Da on passe à la gamme supérieure et des capacités plus importantes : au niveau du rendu des images avec une meilleure résolution photo, ou encore au niveau de la captation des images qui peut aller jusqu'à 6,5 images par secondes, pratique pour de l'astrophoto planétaire. La spécificité de ce modèle est son filtre UV/IR-Cut qui lui permet de collecter toute la lumière du spectre visible.
Prix recommandé870 euros1430 euros1950 euros
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Fixer l’appareil photo sur le télescope

Si vous possédez un appareil réflex, le fixer à votre télescope sera un jeu d’enfant. Il vous suffira en effet de :

  1. Enlever l’objectif du réflex
  2. Fixer une bague T2 à la place de l’objectif
  3. Puis visser la partie inférieure du porte oculaire sur la bague T2
  4. On peut alors fixer l’appareil au porte oculaire en serrant bien les 2 vis pour que l’appareil ne bouge plus
Adaptateur appareil-photo Omegon Anneau T2 compatible avec Canon EOS
Bague T2 Omegon
19,90 euros
Cette bague T2 vous permettra de remplacer votre oculaire par votre appareil photo réflex. Indispensable pour réaliser des astrophotos avec votre appareil, cette dernière est aux dimensions standards du marché.
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Si vous possédez un smartphone, le plus simple sera alors d’acheter un adaptateur prévu à cet effet.

Omegon Easypic Universal Smartphone Adapter
Omegon Easypic
99,00 euros
Cet adaptateur pour Smartphone est particulièrement pratique pour les amateurs qui souhaitent s'initier à l'astrophoto. Ce dernier garantira une excellente tenu du téléphone et les embouts de protection permettront de n'abimer ni votre téléphone, ni votre oculaire. Idéal pour obtenir des photos directement sur votre téléphone, sans passer par toute la phase de retouche (qui reste possible dans un second temps évidemment) !
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Prétraitement et DOF (Darks Offsets Flats)

La calibration ou prétraitement de l’image est facultative pour de l’astrophoto amateur mais obligatoire pour avoir de belles images sans défaut. Elle consiste à enregistrer des images de calibration (des images noires, de champ plat et d’offset).

Il est en effet normal et très fréquent que du bruit et des impuretés viennent parasiter les images captées. Si vous avez une utilisation prolongée de votre APN avec de long temps de pose, il pourrait par ailleurs chauffer et générer davantage de bruit.

Les Darks

Sans toucher à quoi que ce soit au niveau de votre configuration, il vous suffit de placer le couvercle de votre télescope afin qu’il ne voit désormais plus que du noir puis de relancer une séquence de photos. Partez sur un minimum de 20 photos (avec moins, le risque sera de déprécier votre photo). A noter que cela sera relativement chronophage si vous partez sur des temps de pose de 2 minutes par exemple (40 minutes au total pour 20 photos donc).

Le plus le mieux ici, donc si vous pouvez vous le permettre, n’hésitez pas à en réaliser davantage : 30, 40, jusqu’à 50.

Les darks sont liés à la température extérieure : cela signifie que vous n’aurez pas à systématiquement les réaliser. Vous pouvez tout à fait réutiliser un jeu de darks si vous réalisez de nouvelles astrophotos à quelques semaines d’intervalles, sans grande variation de températures (à quelques degrés près évidemment).

Les Offsets

Les offsets sont relativement rapides à réaliser puisqu’il s’agit de prendre une séquence de photos avec la vitesse la plus rapide de l’appareil.

La configuration pour réaliser des offsets est donc très simple : on laisse le couvercle du télescope et on paramètre son appareil photo sur la vitesse la plus rapide. En ce qui concerne la configuration de l’ISO, il y a deux écoles : soit vous la descendez à 400, soit vous gardez celle que vous avez utilisée pour vos prises préalables.

Vous lancez la séquence (50 ? 100 photos ?) et vos offsets sont prêts. A l’instar des darks, ils sont propres à votre appareil photo et selon les mêmes conditions, vous pouvez également les réutiliser.

Les Flats

Les flats servent à atténuer (voire supprimer) l’effet de vignettage qui apparaît parfois sur certains clichés (le noir sur les bords) ainsi que l’impact des poussières sur les capteurs.

Contrairement aux darks et aux offsets, il s’agit ici de prendre des clichés très lumineux. Pour cela, il existe plusieurs méthodes mais dans tous les cas, il vous faudra retirer le couvercle de votre télescope. Puis, la méthode la plus simple consiste à prendre le ciel bleu, au matin en plaçant au préalable un t-shirt blanc sur le couvercle du télescope afin d’homogénéiser la lumière entrante. Attention à bien vous assurer que la surface du t-shirt est lisse, sans quoi cela générera des imperfections.

Ne reste plus qu’à réaliser vos flats aux 2/3 de l’histogramme sur votre appareil photo (ou ordinateur) : n’oubliez pas de réduire la vitesse de votre appareil si vous l’avez modifié pour les offsets.

N’hésitez pas à être inventif ici. Par exemple, s’il fait toujours nuit, vous pouvez très bien pointer le télescope vers les phares de votre voiture, ou encore utiliser la lumière de votre smartphone (restez alors bien stable).

Puisque les flats servent à corriger (notamment) les poussières qui se trouvent sur le capteur de l’appareil photo, il est difficile de les réutiliser. Si vous nettoyez votre capteur, ou si le temps passe et que davantage de poussière s’est accumulée, alors vos flats ne seront plus efficaces.

Utilisation de webcams et de caméras astro

Les webcams sont fréquemment utilisées en astrophotographie, notamment pour les objets lumineux tels que les planètes, la Lune ou encore le Soleil par exemple. En effet, pour ces derniers, la sensibilité de l’appareil n’est pas le critère le plus important tant ces objets sont lumineux : on privilégiera ainsi la fréquence d’images afin de traiter bien plus aisément les imperfections liées à la turbulence de l’air, dans un second temps.

Et quoi de mieux qu’une webcam pour capter un maximum d’images ?

Il existe évidemment des réglages spécifiques à mettre en place comme le fait de travailler sans compression par exemple : c’est d’ailleurs pour cette raison que les vidéos issues des appareils photos numériques (APN) fonctionnent mal car ces dernières sont par nature fortement compressées.

On privilégiait autrefois les webcam en noir et blanc, mais l’apparition des CDA (Correcteurs de Dispersion Atmosphériques) a changé la donne et les webcam couleurs sont de plus en plus fréquentes.

Pour le ciel profond, on continuera de privilégier des APN plutôt que des webcams.

Caméra Celestron NexImage 5 Color
Fabricant : Celestron
Caméra Celestron NexImage 5
Capteur d'image couleur
5 mégapixels
Résolution photo de 2592 x 1944
Résolution vidéo de 640 x 480
Temps d'exposition maximum de 30 secondes
Branchement USB
Branchement sur porte oculaire de 1,25 pouce (taille standard)
Utilisation recommandé avec un télescope de rapport FD 9
Capacité de 50 FPS (images par secondes)
Cette caméra est recommandée pour les planètes et non pas pour le ciel profond (d'où le rapport FD de 9). Sa capacité à capturer jusqu'à 50 images par secondes vous permettra des retraitements optimaux pour un rendu final idéal.
309 euros
Chez Astroshop
Chez Omegon

La technique CCD

Le numérique a remplacé l’argentique pour l’immense majorité des passionnés d’astrophoto, avec de nombreux avantages. Le problème du numérique c’est que l’immense majorité des appareils photos ont une balance des couleurs préprogrammée pour filtrer la couleur rouge notamment. Ce filtrage, tout à fait pertinent pour les photos terrestres, dénature les couleurs en astrophoto.

Ainsi, il existe plusieurs possibilités pour éviter ce problème : le premier consiste à faire régler son appareil photo par un spécialiste afin qu’il programme la balance des couleurs spécifiquement pour l’astrophoto. Attention avec cette méthode, toutes les photos autres que astrophotos devront être retouchées pour avoir des couleurs représentatives de la réalité. Comptez environ 500 euros pour une telle manipulation et surtout ne le faites qu’avec quelqu’un de compétent, évidemment car cela comporte des risques.

La deuxième méthode consiste à acquérir un appareil photo préprogrammé pour l’astrophoto. Seuls deux constructeurs en proposent : Sony et Kodak.

La troisième méthode consiste à acheter un appareil avec un capteur CCD (Charge Coupled Device).

Les appareils photos CCD sont très similaires à des webcams : contrairement aux appareils photos classiques, ils ne vont pas capturer une image que vous pourrez visionner sur l’écran de votre appareil. A la place, ils vont capturer un signal électrique (d’où leur forme de webcam) qui pourra alors être retransmis à un ordinateur pour être converti en image. Le grand avantage de ce procédé c’est qu’on limite grandement le bruit qui se concentre généralement sur la retranscription en image sur les appareils classiques.

Les appareils CCD sont de plus en plus utilisés en astrophoto pour cette raison principalement.

Caméra ToupTek EXCCD-300-KMA DeepSky Mono
Fabricant : ToupTek
Caméra ToupTek EXCCD 300
Capteur d'image noir et blanc
0,3 mégapixels
Résolution photo de 640x480
Branchement classique au télescope (porte oculaire de 1,25", adaptateur de monture C)
Branchement USB
Poids total 0,385kg
Adapté pour le planétaire et le ciel profond
Capacité de 72 FPS (images par secondes)
La caméra ToupTek présente de nombreux avantages pour l'astrophoto en comparaison d'un appareil photo classique. Sa très forte sensibilité (elle possède un des capteurs les plus sensible du marché) lui permet de capter en un clin d'oeil des éléments qui nécessitent normalement de longs temps d'exposition.
Sa vitesse est également impressionnante avec ses 72 fps sans perte de qualité.
Sa résolution est grande pour une caméra planétaire monochrome et le bruit sera très limité grâce au capteur CCD.
299 euros
Chez Astroshop
Chez Omegon

A souligner que les appareils photos numériques (APN) modernes ouvrent de plus en plus le champ des possibilités et qu’avec un modèle récent, ces limitations s’estompent de plus en plus (peu de bruit thermique notamment).

La prise de vue en astrophotographie

Première chose importante que l’on peut préciser : il est tout à fait possible de prendre de jolies astrophotos, de façon amateure et sans contrainte.

Toutefois, il existe des réglages et des éléments à prendre en compte qui pourront améliorer vos clichés, voire même qui seront obligatoires dans certains cas, notamment sur des astrophotos du ciel profond par exemple.

Sans entrer dans un tutoriel exhaustif, on peut citer les éléments les plus importants :

  • L’utilisation d’une télécommande : indispensable pour éviter les vibrations et les micro mouvements qui peuvent générer des filés d’étoiles ;
  • La désactivation de la stabilisation et de la réduction du bruit sur votre appareil sera également nécessaire pour les mêmes raisons et pour ne se couper d’aucun détails ;
  • On cherchera à ouvrir au maximum son appareil en prenant compte le fait que certains appareils supportent mal une ouverture maximale (il faudra alors refermer d’un stop son appareil pour profiter d’une meilleure qualité, au détriment d’un peu moins de lumière captée).
  • Pour calculer le temps de pose maximal et donc la vitesse d’obturation, on utilise en astrophoto la règle des 500 (ou règle des 600). Il s’agit d’un calcul relativement simple qui divise 500 par la longueur focale de l’appareil. Si votre appareil photo possède une focale de 24 mm, le calcul sera alors 500/24, soit 20,8 ou 21 secondes si on arrondi. Cette règle est un indicateur et non pas une vérité absolue : il faut l’adapter en fonction de chaque situation !
  • La sensibilité ISO de votre appareil photo (qui correspond à la sensibilité du capteur de lumière : plus elle sera élevée, plus l’image captée sera lumineuse) devra être élevée (le ciel est sombre, logique, et à l’instar du télescope qui cherchera à capter le plus de lumière possible, ce sera la même chose pour votre appareil photo). La sensibilité ISO idéale dépend de plusieurs paramètres et doit être issu d’un calcul mais généralement, vous ne vous tromperez pas en vous orientant vers les plus grandes valeurs.
  • La mise au point se fera vers l’infini et donc manuellement. Pensez bien à désactiver l’autofocus de votre appareil photo et à régler votre bague de mise au point sur le symbole infini (logiquement, tout au bout). La solution alternative, préférée de certains, consiste à cibler une étoile lumineuse et à s’en servir de référence pour effectuer manuellement une mise au point. Dans le cadre de l’astrophoto, la mise au point se fera sur l’objet visé au télescope, si vous en utilisez un.
  • Enfin, favorisez systématiquement les fichiers RAW pour vos images afin de profiter du maximum de détails captés, pour de retouches éventuelles ultérieurement.

Les freins à l’astrophoto

La majorité des freins que l’on rencontre quand on fait de l’astrophoto sont les mêmes que ceux touchant l’astronomie de manière plus générale :

  • Une météo dégagée évidemment
  • Une pollution lumineuse limitée
  • La pollution atmosphérique

On peut également citer des situations plus exceptionnelles comme le fait d’éviter que la Lune soit trop haute dans le ciel, cette dernière reflétant beaucoup de lumière. Elle pourrait impacter négativement le rendu des photos.

Enfin, dernier point et pas des moindre : le prix de l’astrophoto, surtout pour le ciel profond, peut être un véritable frein. Certes le smartphone suffit à s’initier à l’astrophoto mais n’espérez pas photographier de magnifiques nébuleuses avec votre iPhone. Il sera indispensable d’investir dans du matériel adapté : que ce soit au niveau du télescope, des accessoires ou de l’appareil photo.

Le traitement d’une astrophotographie

Le traitement des astrophotos est probablement l’élément le plus technique. Nous ne rentrons pas ici dans les détails, le web regorge de tutoriels exhaustifs sur le sujet. On peut toutefois indiquer l’utilisation indispensable de logiciels dont voici une liste non exhaustive :

  • Adobe Lightroom : logiciel de la suite Adobe qui permet de corriger l’exposition et les défauts optiques éventuels
  • Siril : logiciel permettant le prétraitement des astrophotos
  • DeepSkyStacker : logiciel qui cherche à simplifier le prétraitement des astrophotos
  • Iris : logiciel compliqué à prendre en main au premier abord, de prétraitement d’astrophoto
  • Sequator : un logiciel qui permet l’empilement de différents clichés (la superposition), indispensable en astrophoto
  • Starnet++ (ou LinearStarNet plus récemment, Starnet++ n’étant plus Open Source) : logiciel puissant qui permet de supprimer des étoiles identifiées de vos photos afin de mieux mettre en valeur l’astre photographié
  • Adobe Photoshop (ou équivalents tels que GIMP ou encore Photopea) : pour le retraitement final

Il existe évidemment des dizaines de logiciels mais voilà déjà de quoi vous lancer efficacement !