Observation de Jupiter : quand, comment et avec quel télescope ?

Aînée de notre système solaire avec ses 4,5 milliards d’années, Jupiter est une planète gazeuse issue de poussières d’étoile. Les astronomes pensent d’ailleurs qu’elle ne possède pas de noyau solide.

Caractéristiques de Jupiter

Jupiter est une planète particulièrement incroyable. Sa masse est 2,5 fois plus importante que celle de toutes les autres planètes du système solaire réunies. En termes de taille, elle incarne le parfait entre-deux entre la Terre et le Soleil puisque son diamètre est équivalent à environ 11 fois celui de la Terre et que le diamètre du Soleil est équivalent à 10 fois Jupiter.

Les fameuses bandes qui se trouvent à sa surface sont en réalité des tempêtes qui se déplacent. On trouve des teints de 4 couleurs différentes : blanc, jaune, brun et rouge.

La grande tâche rouge

Une des caractéristiques les plus connues de Jupiter est la grande tâche rouge : une tempête de plus de 15 000 km qui fait rage depuis plus de 300 ans sur la 5ème planète du système solaire. Les vents à l’intérieur de cette tempête peuvent atteindre plus de 600 km / h ! Inutile de préciser qu’une telle violence n’existe pas sur Terre et s’il fallait s’y comparer, cela correspond à 2,5 fois les vents d’un ouragan de catégorie 5, soit les ouragans les plus puissants que l’on trouve sur Terre.

Les 79 Lunes de Jupiter

Jupiter cumule les spécificités : c’est la planète du système solaire avec le plus de Lunes puisqu’elle en possède 79. Quatre de ces Lunes tirent leur épingle du jeu : on les appelle les satellites galiléens, nom issu du célèbre astronome qui les a découverts.

Il s’agit de Io avec ses volcans actifs, Ganymède la plus grande de toutes les Lunes (plus grande que Mercure !), Europe et Callisto. Les trois dernières pourraient possiblement contenir des océans d’eau liquide sous leurs croûtes, bien qu’aucune découverte ne permette de l’affirmer aujourd’hui.

Si Jupiter peut se permettre d’avoir autant de Lunes, c’est parce que sa force gravitationnelle est la plus forte de toutes les planètes du système solaire. C’est d’ailleurs pour cette raison que les autres planètes sont aussi “petites” puisque tous les débris spatiaux qui auraient dû atterrir sur ces dernières (et donc les faire grossir) ont été attirés par Jupiter. Aujourd’hui encore, Jupiter est un véritable bouclier pour notre belle planète bleue et il est fort probable que la vie sur Terre n’aurait jamais pu exister – ou qu’elle ne durerait plus très longtemps sans elle.

Quand observer Jupiter ?

Jupiter est visible toute l’année avec un télescope. Malgré cela, il existe des périodes plus opportunes que d’autres pour l’observer et notamment deux.

Observation en début de nuit ou aux aurores ? En fonction de vos habitudes, les périodes idéales ne seront pas les mêmes. A chaque début janvier, il est plutôt recommandé d’observer Jupiter en fin de nuit. Plus les mois passeront et plus elle apparaîtra tôt, plus vous pourrez l’observer en début de soirée (à partir de 22h par exemple).

Outre le confort et vos habitudes d’observation, Jupiter est particulièrement agréable à observer lorsque son orbite se synchronise avec celle de la Terre vis-à-vis du Soleil. Autrement dit, lorsqu’elle se trouve à l’opposé du Soleil selon notre point de vue. Cette proximité avec la planète Terre aura pour effet de lui donner une apparence particulièrement brillante et de la grossir encore plus par rapport à d’habitude.

Comment trouver Jupiter dans le ciel ?

La première chose à réaliser pour trouver Jupiter dans le ciel c’est de chercher la constellation dans laquelle se trouve cette dernière ! Cette fameuse constellation n’est pas systématiquement la même (elle change tous les 12 mois environ) et pour la connaître, pas d’autres choix que de consulter un éphéméride (ou une application smartphone dédiée).

En 2022 par exemple, Jupiter se trouve la majorité de l’année dans la constellation des Poissons. A souligner que chercher une constellation dans le ciel demande un certain entraînement, ou à défaut d’être équipé d’une carte du ciel et/ou d’une application smartphone en réalité virtuelle !

Une fois la constellation en question trouvée, il vous faudra trouver le point lumineux qui joue l’intrus et qui ne constitue pas cette constellation. Le point en question devrait être particulièrement visible puisque les planètes sont des objets très lumineux, plus que les étoiles.

Observer Jupiter à l’oeil nu

A l’instar de Mercure, Vénus, Mars, Saturne ou encore Uranus, il est possible d’observer Jupiter à l’œil nu ! Notre chère géante gazeuse est d’ailleurs la seconde planète la plus brillante après Vénus. Malheureusement, elle n’est pas constamment visible : pour connaître les périodes de visibilité, il vous faudra vérifier depuis un éphéméride astronomique.

Dans l’optique où Jupiter est visible le jour où vous lisez ces lignes, le premier élément qui vous aidera à la distinguer des étoiles c’est le fait qu’elle ne devrait pas scintiller. Les étoiles scintillent en effet en raison de la pollution atmosphérique et de la longue distance qui les sépare de la Terre. Jupiter étant plus proche, elle ne sera pas affectée de la même manière par cette pollution et ne brillera donc pas.

Deuxième étape pour repérer Jupiter dans le ciel, comme décrit dans le paragraphe ci-dessus, à l’aide de la constellation dans laquelle elle se trouve et en cherchant le point lumineux qui ne devrait pas s’y trouver.

Dernière précision : les planètes bougent, mais bougent lentement. Si vous repérez Jupiter à l’instant T, vous aurez probablement bien plus de facilités pour la retrouver les jours qui suivent, à proximité de sa position précédente.

Avec quel télescope peut-on observer Jupiter ?

Jupiter sera visible avec tous les télescopes, même entrée de gamme. Toutefois, le niveau de détails ne sera évidemment pas le même entre les télescopes premiers prix et ceux avec une plus grande ouverture.

Mieux que 1000 mots, voici une image comparative avec dans les 3 cas un oculaire Plössl de 6mm et une lentille de Barlow x2 utilisés sur 3 télescopes différents :

  • Un télescope Dobson Omegon N 76/300 DOB : entrée de gamme à 79 euros
  • Un télescope Omegon N 76/700 AZ-1 : d’une gamme légèrement supérieure à 129 euros
  • Un télescope Dobson Omegon Advanced X N 203/1200 : d’une gamme supérieure à 499 euros
Comparaison des observations de Jupiter avec 3 télescopes différents
Les télescopes d’entrée de gamme rendent l’observation des détails de Jupiter compliqués.
Avec un télescope plus haut de gamme, les bandes gazeuses apparaissent clairement.
L’oculaire 6 mm de focale et la lentille de Barlow x2 ne permettent pas des observations idéales et peuvent être améliorés.
Images issues du logiciel Stelvision

Optimiser ses séances d’observation de Jupiter

Pour les observations plus poussées, il est possible d’utiliser des filtres sur son télescope. Pour les planètes, on parlera de filtres planétaires (et cométaires) ou encore de filtres colorés. Les prix iront de 15 à plus de 100 euros.

Ces filtres ont plusieurs intérêts :

  • Les filtres permettront de rehausser le contraste
  • Ils réduiront l’irradiation, c’est-à-dire le flou qui apparaît parfois aux frontières entre une zone claire et une zone sombre

Dans l’optique d’observer Jupiter, trois types de filtres sortent particulièrement du lot :

  • Les filtres rouge pour accentuer les phénomènes colorés dans les bandes gazeuses de Jupiter
  • Les filtres jaunes ou oranges pour apporter un fort contraste sur les régions bleutées de la planète
  • Les filtres bleus pour mieux distinguer le disque (les anneaux) de Jupiter et pour faire ressortir les zones peu contrastées (et donc faire apparaître plus de détails)

Exemple de filtres planétaires avec ce (très bon) lot de 6 couleurs :

Lot de filtres colorés 31,75 mm Omegon (6 pièces)
6 filtres colorés Omegon pour l'observation planétaire
Pour les observations de la Lune et du Planétaire
Redécouvrez la Lune et les planètes sous un nouveau angle avec ce lot de 6 filtres qui permettra de mettre en lumière de nombreux détails difficiles à distinguer autrement. Certains filtres peuvent se cumuler pour des effets encore plus précis.
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Simulation d’observation : à quoi ressemble Jupiter vue du télescope

On voit souvent de belles images impressionnantes, zoomées de Jupiter. Mais avec un matériel plus amateur, la vision de cette planète sera évidemment moins extraordinaire. Cela n’enlèvera en rien l’émerveillement que les observations vous apporteront, soyez en sûr.

Voici des vues réalistes que vous pourrez obtenir de Jupiter, obtenues en simulant des télescopes dans Stelvision.

Vue 1Vue 2Vue 3
TélescopeTélescope Omegon N 150/750 EQ-3Télescope Omegon N 150/750 EQ-3Télescope Dobson Omegon Advanced X N 203/1200
OculairesOculaire de 10 mm de focale (champ visuel apparent 82°)
Lentille de Barlow 3x
Oculaire de 6 mm de focale (champ visuel apparent 50°)
Lentille de Barlow 3x
Oculaire de 6 mm de focale (champ visuel apparent 50°)
Lentille de Barlow 3x
ImageJupiter vue avec le télescope Omegon 150/750 (oculaire 10mm)Jupiter vue avec le télescope Omegon 150/750 (oculaire 6mm)Jupiter vue avec le télescope Dobson 203/1200 (oculaire 6mm)
CommentairesLa vue ici est grossie 225 fois par le télescope. L'oculaire de 10 mm de focale n'est pas le plus adapté pour profiter d'un fort zoom mais permet un champ visuel relativement large de 0,36°Avec le même télescope et en ne changeant que l'oculaire, on passe à un grossissement de 375 fois. La planète ressort plus nettement et les détails telles que les bandes gazeuses sont alors clairement apparentes. Le champ visuel a lui été réduit : il est de 0,13°On atteint ici un grossissement particulièrement important, de 600 fois. L'oculaire utilisé est identique à celui de la Vue 2 mais le télescope est beaucoup plus haut de gamme. Le champ visuel a une nouvelle fois été réduit en conséquence puisqu'il est de 0,08°
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Missions spatiales sur Jupiter

L’exploration du système jovien débute en 1973 avec la sonde Pioneer 10 (lancée en 1972 mais qui a survolé Jupiter en 1973). C’est en 1979, à l’aide de la sonde Voyager 1 que l’on a découvert que Jupiter possède des anneaux mais aussi que la grande tâche rouge de Jupiter était un anticyclone géant.

La première sonde qui arrive à entrer dans l’orbite de Jupiter est Galileo en 1995 : cette dernière a permis de nombreuses découvertes sur la planète mais aussi sur ses satellites. Le fait que Jupiter soit une géante gazeuse fait qu’il est naturellement impossible de se poser sur elle : se placer en orbite est donc la meilleure des solutions pour étudier la planète. Une deuxième sonde a réussi à le faire : il s’agit de Juno en 2016. 

Europe est le satellite qui attire le plus d’attention auprès des chercheurs puisqu’il est selon toute vraisemblabilité, l’astre le plus susceptible d’accueillir la vie dans notre système solaire.

Deux missions sont focalisées sur Jupiter dans les années à venir : JUICE issue de l’Agence spatiale européenne (première mission sur Jupiter non initiée par la NASA) dont le lancement est prévu pour 2022 et Europe Clipper en 2025. Ces deux missions ont pour but de récolter des informations sur les satellites de Jupiter sans pour autant s’y poser, faute d’informations plus précises sur les meilleurs sites scientifiques à étudier ou encore sur les zones d’atterrissage idéales.

Questions / Réponses

Pourra-t-on aller sur Jupiter un jour ?

Il paraît très improbable que cela puisse être le cas un jour pour un nombre important de raisons. Une de ces raisons est le fait que la planète ne possède pas de sol : c’est une planète gazeuse. Il faudrait par ailleurs résister à des températures particulièrement extrêmes : 300 degrés à sa surface et jusqu’à plusieurs milliers vers son cœur. Outre ces problématiques, la force gravitationnelle de la planète est telle que si on souhaitait s’y rendre, il faudrait des fusées plus de 5 fois plus puissantes qu’aujourd’hui pour espérer repartir. Tout cela fait qu’un voyage sur Jupiter un jour, même lointain, paraît improbable.